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Création d'outil pédagogique pour le Mémorial du Camp de Rivesaltes - 2017
Le Mémorial du Camp de Rivesaltes a été inauguré en octobre 2015. Il se situe dans les Pyrénées-Orientales sur l’ancien camp d’internement du même nom, ouvert en 1939 et qui a connu plusieurs générations d’internés jusqu'en 2007.
Le Mémorial a commandé à Nunatak un outil d'animation itinérant pour ses médiateurs afin de présenter la mission du Mémorial, l’histoire du Camp et plus largement les enjeux de la citoyenneté. Figures libres est un outil composé de cinq valises représentant chacune une personne ayant vécu dans le camp de Rivesaltes entre 1939 et 1963 ainsi qu'une valise plus contemporaine présentant une personne ayant immigré dans la région en 2007. Dans chaque valise se trouvent des objets et des documents faisant écho aux récits de ces témoins réels et constituent un portrait en creux de leur parcours et de leurs souvenirs. En découvrant ces valises, le public est amené à recomposer le vécu de ces personnes et mesurer sa résonance avec l’histoire passée et l’actualité contemporaine. Si ces valises sont des métaphores du souvenir, elles sont aussi le symbole du déplacement, qui est le fil rouge qui lient ces six destins.

Maria
Elle a fui l'Espagne avec ses parents et a été enfermée dans plusieurs camps dont les camps des plages et le camp de Rivesaltes, pendant 4 ans en tout.

Comme pour chaque valise, l'intérieur est tapissé d'un papier restituant l'univers de l'époque. La tondeuse manuelle des années 40 renvoie au souvenir poignant de Maria qui s'est vu rasée pour prévenir de l'épidémie de poux.
La seringue d'acier, également d'époque, illustre les séances forcées de vaccination. Ce souvenir contraste avec l'heureuse journée de communion durant laquelle Maria a pu quitter ses haillons et se parer d'une tenue de cérémonie.

Paul
Il a vécu dans le camp de Rivesaltes pendant la seconde guerre mondiale. Arrêté et chassé d’Allemagne avec une grande partie de sa famille, parce qu'ils étaient juifs, Paul fut enfermé dans plusieurs camps dont le camp de Rivesaltes à l'âge de 14 ans, avec sa mère et son petit frère.

'Un nuage rouge', c'est ainsi que Paul décrit les puces qui colonisaient les baraques du camp à son arrivée et qui tombaient en masse des charpentes.
La géographie de chaque parcours de vie est représentée sur un sous-main. Celui-ci délimite aussi un espace d'observation et de manipulation pour les objets contenus dans la valise. Ces sous-mains ont été réalisés en cuir carton-bois et gravés au laser.

Marie
Elle a vécu dans le camp de Rivesaltes pendant la seconde guerre mondiale. Chassée d'Alsace avec sa famille tsigane par les nazis, Marie a été enfermée dans plusieurs camps dans le sud de la France, dont le camp de Rivesaltes à l’âge de 14 ans, avec ses parents et ses sœurs.

Marie garde un souvenir précis d'avant-guerre, lorsque ses parents vendaient des articles de mercerie dans l'est de la France. Elle se souvient également du DDT, alors utilisé comme anti-poux, et qui en dit long sur les traitements que connaissaient les internés du camp sous le régime de Vichy.

Wilhelm
Soldat allemand, il a été fait prisonnier à la fin de la guerre. Il a vécu plus de deux ans dans le camp de Rivesaltes après la seconde guerre mondiale.

Une des pièces phare des collections du Mémorial, la statuette de bois sculpté réalisée par un co-détenu de Wilhelm raconte les longues et pénibles semaines d'attente qu'ont connu les prisonniers de guerre après 1945. Elle a ici été reproduite à l'échelle 1:1 dans le même matériau.
Un authentique télégraphe de la Wehrmacht évoque le poste qu'occupait le soldat dans l'armée allemande.

Fouzia & Mohamed
Ils ont dû fuir l'Algérie avec leurs parents, et qui avaient 3 ans et 5 ans quand ils ont vécu dans le camp de Rivesaltes après la guerre d'Algérie.

Fouzia raconte le tabac à chiquer que les Algériens du camp mâchaient, une des rares habitudes qu'ils avaient pu conserver de leur vie passée.
Mohamed évoque les seuls objets qu'il avait pu prendre avec lui lors du départ en catastrophe pour la France, un petit sac de billes : 'deux jaunes, une rouge'.

Martial
Réfugié, Martial a dû fuir la Côte d’Ivoire et a fait un long et dangereux voyage en mer pour arriver jusqu’en Europe. Il est installé en France depuis deux ans.

Martial raconte son enfance ivoirienne de laquelle se détachent les symboles du pays, la cuisine au manioc, les capsules qui deviennent les pions d'un jeu, etc. Mais Martial a du fuir tout cela suite à des menaces politiques. Il lui aura fallu plusieurs tentatives avant d'atteindre le territoire français et le relevé d'empreintes fait écho aux obstacles qu'il a franchi plusieurs fois aux frontières.

Projet réalisé avec notre partenaire Dozee que nous remercions, ainsi que Thomas Lagarde pour son oeil affuté et ses mains en or.

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